lundi 28 mai 2012

Pourquoi vouloir priver les musées de l'argent du mécénat?

Comme beaucoup d'observateurs du monde culturel, Claire Bommelaer, journaliste au Figaro, s'inquiète des propos d'Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la communication, au sujet du mécénat (notre message du 18 mai). "Aujourd'hui, l'assertion d'Aurélie Filippetti, écrit Claire Bommelaer, fait mal aux institutions culturelles publiques françaises ou, au minimum, les met mal à l'aise. Les directeurs de musées, châteaux, théâtres ou opéras, ... doivent-ils comprendre que le nouveau gouvernement va faire en sorte de tarir la manne des entreprises? Et, si oui, vers qui devront-ils se tourner pour trouver l'argent nécessaire"?
Claire Bommelaer rappelle à juste titre que depuis 2003, la Loi Aillagon, qui incite les entreprises à financer la culture moyennant des incitations fiscales, a permis de multiplier par trois les sommes consacrées au mécénat culturel en moins de dix ans. Selon la dernière enquête Admical CSA, 494 millions d'euros seront consacrés au mécénat culturel en 2012. On sait que pour 100 euros dédiés à des restaurations d'oeuvres ou de monuments, 66 sont déductibles de l'impôt sur les sociétés et que le pourcentage de déductibilité s'élève à 90% quand l'oeuvre mécénée est un trésor national.
Financés jadis par l'Etat et les sociétés d'amis, les musées et les monuments historiques doivent désormais compter sur la billetterie et les entreprises pour pouvoir fonctionner. A titre d'exemple, le mécénat représente 12,5% du budget du musée du Louvre et couvrira in fine 70% du coût de son nouveau département des arts de l'Islam.
Comment se passer de l'argent privé alors que l'Etat devient impécunieux et qu'il faut absolument réduire le déficit public? Le nom de Wendel sur les murs du Centre Pompidou Metz fait mal à Aurélie Filippetti. Peut-être y-a-t-il encore place pour légiférer à nouveau afin de contenir plus encore le mécénat d'entreprise hors de toute logique de rentabilité et de relations publiques. "En arriver à priver les musées du mécénat des entreprises serait extavagant" conclut Claire Bommelaer.

4 commentaires:

  1. Comment totalement déformer les propos d'Aurélie Filippetti qui n'a jamais parlé de priver les musées de l'argent du mécénat mais de chercher, au contraire, à ce qu'il profite plus équitablement à tous les établissements quelles que soient leurs tailles. On reconnaît bien là toute la malhonnêteté intellectuelle du Figaro.

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  2. Bonjour,
    merci pour ce commentaire. De fait dans son interview au Monde la ministre de la Culture et de la communication ne dit pas explicitement qu'elle veut priver les musées de l'argent du mécénat mais elle ne déclare pas non plus qu'il faut que l'argent du mécénat profite plus équitablement à tous les établissements quelles que soient leurs tailles.
    Le Monde daté du 22/12/11:
    "Vous parlez de dérives, alors prenons le cas du mécénat : jusqu'à quel point la culture peut-elle être financée par le privé ?
    Il faut que le ministère de la culture retrouve une certaine cohérence sur le mécénat. Je prends l'exemple du Centre Pompidou de Metz, qui est par ailleurs une réussite - les objectifs de fréquentation ont été dépassés et il draine des visiteurs qui n'étaient jamais allés au musée. Mais quand je vois le nom de Wendel apposé sur l'amphithéâtre sous prétexte que ce groupe - issu de la dynastie qui a régné pendant des siècles sur l'acier en Lorraine - a joué les mécènes, ça me fait mal... La somme est dérisoire au regard de l'honneur qui lui est fait. Les musées se bradent à des entrepreneurs et c'est dommageable. C'est pourquoi nous sommes favorables à la création d'une charte nationale du mécénat, une sorte de dispositif d'agrément de tout marché qui dépasserait le million d'euros. La Cour des comptes dit exactement la même chose dans un récent rapport".

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  3. Elle n'était pas alors ministre et je ne vois pas comment on peut interpréter ses propos comme une volonté de priver les musées de l'argent du mécénat (à moins d'être de mauvaise foi). Depuis, elle a complété ses propos (bizarre que Le Figaro n'en parle pas) : "Le mécénat, c’est indispensable. Les règles qui ont été définies jusqu’à présent permettent d’associer les entreprises au financement de la culture. Mais il faut que ça se passe de manière qui soit utile à tous, qu’il ne soit pas destiné uniquement aux très grands établissements, ou même à l’intérieur de ces grands établissements à certaines zones plus prestigieuses que d’autres... Un mécénat, oui, mais encadré avec des règles qui permettent surtout d’associer les établissements les plus petits, dans toutes les régions de France et qui soit aussi accessible aux petites et aux moyennes entreprises." Rapporté ici http://www.louvrepourtous.fr/Citations-d-Aurelie-Filippetti,737.html

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    1. Merci pour cette information complémentaire captée par France 24, qui m'avait échappé.

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