A
l’est de Bayonne, dans les barthes de l’Adour, la fille de Paul Haïm, marchand
d’art et collectionneur disparu en 2006, a entrepris de perpétuer la mémoire de
son père en préservant le jardin de sculptures qu’il a façonné sur les bords du
fleuve, de l’autre côté d’Urt. Comment sauvegarder ce patrimoine unique? Le
défi est d’autant plus délicat que le patrimoine en question relève du jardin
secret …
Aristide Maillol - L'action enchaînée, 1906 |
Ce jardin exceptionnel, Paul
Haïm ne l’a pas fait seul. Il l’a réalisé avec son épouse, l’artiste peintre Jeannette
Leroy, et Gilbert Carty, robuste jardinier landais infatigable. Après avoir été
photographe de mode pour les magazines internationaux les plus prestigieux,
Jeannette Leroy, en arrivant dans les Landes, est retournée à sa première
vocation, le dessin et la peinture. C’est elle qui va donner au jardin de
sculptures rassemblées par son mari une dimension supplémentaire, en faire un dialogue
entre art et nature. Enfant du pays, Gilbert Carty a, lui, toujours vécu au
rythme des humeurs de l’Adour, dans ce pays mi-eau, mi-terre que sont les
barthes. C’est lui qui concrétise les idées de Paul et Jeannette, apportant
opportunément sa connaissance du terrain.
Contrairement à d’autres
parcs de sculptures, les oeuvres présentées à La Petite Escalère ne le sont pas
dans un paysage tiré au cordeau. Elles sont souvent cachées, dans des lieux
inattendus, au milieu d’une végétation luxuriante. Les découvrir se mérite. Il
faut compter environ deux heures pour faire le tour de l’ensemble des œuvres exposées.
Fernand Léger - Femmes au perroquet, 1952 |
Parce que le lieu est
difficilement accessible, il est aujourd’hui inimaginable de l’ouvrir au public
en permanence. Les ressources nécessaires à son entretien sont donc à rechercher
par ailleurs. Une première piste envisagée par Dominique Haïm est de faire du
jardin de son père un espace de réflexion, d'inspiration et d'échange autour de
l'art, du paysage et de la nature. Une première étape a consisté à cibler les publics prioritaires susceptibles
d’être interpelés par le jardin : écoles d'art, de paysagisme,
d'horticulture, artistes, créateurs, chercheurs, etc … (1). Soutenu par le ministère
de la Culture et de la communication, un programme de résidences a, de son
côté, pour vocation d'offrir à des écrivains, des plasticiens, des paysagistes,
des architectes, des historiens de
l'art, des cinéastes, des musiciens, etc ..., une parenthèse d'inspiration et
de réflexion dans un environnement propice à la recherche et à la création. Dominique
Haïm place beaucoup d’espoir dans ces résidences d’artistees. Elle espère qu’elles
permettront de valoriser le patrimoine naturel et culturel du lieu, qu’elles favoriseront
et soutiendront la création artistique contemporaine régionale, nationale et internationale.
L’organisation d’expositions
temporaires doit enfin permettre à La Petite Escalère de s’ouvrir sur l’extérieur et de trouver une
partie des ressources recherchées. En exposant chaque année, entre mai et
octobre, les sculptures d'une grande figure de l'art moderne ou en invitant un
créateur contemporain à installer une ou plusieurs œuvres dans le jardin, La Petite
Escalère espère mettre en place un dialogue entre le jardin, son paysage, sa
collection, et d'autres œuvres, construire des ponts entre le passé et
l'avenir, permettre une relecture de sa collection, ouvrir enfin de nouvelles
pistes de compréhension et de réflexion autour de la sculpture2.
Pour affronter tous
ces défis et acheter de nouvelles œuvres appelées à enrichir le jardin,
l'association Les Amis de La Petite Escalère a été créée en mars 2011. Cette
association a pour vocation de fédérer les soutiens publics et privés, de lever
des fonds et de développer des partenariats. Elle compte déjà une centaine de
membres, parmi lesquels Marie-Laure Bernadac, conservateur général, chargée de
l'art contemporain au musée du Louvre, Jean Glavany, ancien ministre, député
des Hautes-Pyrénées, Ivan Levaï, journaliste, écrivain, Federica Matta, artiste
plasticienne, Isabelle Mir, championne olympique de ski, etc …
Hériter d’un trésor n’est
pas une mince affaire.
(1)
La
Petite Escalère est également ouverte sur rendez-vous pour des groupes de dix à
quinze personnes dans le cadre de visites payantes guidées (de mai à octobre)
(2)
Les
15 et 16 septembre prochains auront lieu des journées portes-ouvertes autour de
l’œuvre de Cristina Iglesias. Pour tout renseignement : contact@lpe-jardin.org ou par
téléphone : 06 32 52 91 01
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